Actualité

Durant un mois, des experts internationaux accompagnent ces jeunes participants africains et d’autres continents sur des thèmes spécifiques afin qu'ils développent des bases solides dans le domaine de la vidéo, de la peinture, de la photographie, de la performance, de la critique d'art, du théâtre, de la danse...
En parallèle des ateliers se déroule une riche programmation en spectacle de danses, théâtres, musiques, performances, slams, projections, débats d’idées sans oublier des expositions collectives.
La 11ème édition se tiendra du 8 au 28 Septembre 2025 sous le thème :
« Patrimoine africain, témoin du passé ou richesse durable pour demain ? »
La prochaine édition de la Rencontre Internationale d’Art Contemporain (RIAC) organisée à Brazzaville par LES ATELIERS SAHM, se penche sur un thème d’une importance capitale et d’une actualité brûlante : le patrimoine africain. Elle choisit sur- tout de faire sienne une question qui se pose avec acuité : doit-on considérer ce patrimoine comme un simple témoin d’un passé glorieux ou comme une ressource durable pour construire l’avenir ?
D’entrée, qu’il ne nous échappe pas que cette thématique s’inscrit dans un contexte où les débats sur la restitution des œuvres spoliées par les anciennes puissances coloniales ne cessent de croître. L’Afrique, qui s’est longtemps vue dépos- sédée de ses trésors culturels, est aujourd’hui au cœur d’un vaste mouvement de réappropriation. Mais au-delà de cette dy- namique de restitution, il s’agit aussi de repenser la manière dont le patrimoine est réinvesti par les artistes contemporains, qui puisent dans ces héritages pour proposer des lectures nouvelles, vibrantes de modernité.
L’exemple récent de LA Route des ChePeries du Cameroun, qui a présenté une partie du patrimoine du pays au Musée du Quai Branly à Paris en 2022, est édifiant à cet égard. L’exposition intitulée Sur la Route des ChePeries du Cameroun : Du visible à l’invisible a non seulement permis de montrer la richesse des artefacts historiques des chePeries camerounaises, mais aussi de les remettre en dialogue avec des créations contemporaines. Ce lien entre passé et présent, entre tradition et modernité, illustre parfaitement la manière dont le patrimoine peut être revisité pour nourrir l’expression artistique d’aujo- urd’hui. Ce n’était pas qu’un simple hommage aux cultures anciennes, mais une mise en avant de Ieur pouvoir narratif à tra- vers une approche résolument contemporaine.
Mais l’exemple du Bénin est encore plus illustratif. Après s’être vu restitué 26 Trésors royaux par la France, le pays a présenté, au Palais de la Marina à Cotonou (siège de la Présidence du Bénin) en février 2022, une exposition diptyque « Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui, de la restitution à la révélation : Trésors royaux et Ait contemporain du Bénin ». Elle a été l’occasion de révéler l’art classique du Bénin, les vingt-six trésors royaux restitués par la France, et la scène artistique con- temporaine du Bénin et de sa diaspora.
Plus tard, les oeuvres contemporaines de 42 artistes entameront une itinérance au musée Mohammed VI à Rabat au Maroc en janvier 2023, à la Fondation Clément en Martinique en décembre 2023 et à La conciergerie de Paris en France, d’octobre 2024 à janvier 2025. La démarche offre ainsi une réflexion subtile sur la continu- ité entre le passé et le présent. En mêlant les trésors royaux restitués au Bénin et les créations contemporaines d’artistes béninois, l’initiative pose ainsi un regard nouveau sur la manière dont ce patrimoine peut dialoguer avec la scène artistique actuelle. Les œuvres modernes, inspirées des symboles et des esthétiques traditionnelles, témoignent de la manière dont les artistes contemporains réinvestissent cet héritage pour poser des questions sur l’identité, la mémoire, et les défis so- ciétaux actuels.
Ces exemples illustrent bien l’un des grands enjeux de cette édition de la RIAC : comment les artistes contemporains peuvent-ils contribuer à une réappropriation créative et critique de l’héritage africain ? Loin de s’en tenir à une simple préserva- tion nostalgique, il s’agit de comprendre que le patrimoine africain peut aussi être le levier d’une créativité innovante, porteuse de solutions pour le développement culturel et économique du continent. Le patrimoine africain n’est plus uniquement une relique d’un passé glorieux, figée dans les musées ou exposée dans les grandes capitales du monde. Il devient une matière vivante, nourrie par les pratiques contemporaines, comme le montrent ces expériences du Cameroun et du Bénin. Les artistes africains ont ainsi la possibilité d’utiliser cette richesse culturelle pour se projeter vers l’avenir et faire entendre une voix singulière sur la scène internationale. Ce patrimoine est à la fois un ancrage identitaire et une source d’inspiration infinie pour la créativité de demain.
Ainsi, à l’heure où les États africains réclament Ieurs biens culturels dérobés, les artistes contemporains se posent en acteurs clés de cette revalorisation du patrimoine. Ils questionnent, réinterprètent et créent, faisant du patrimoine non plus seulement un témoin du passé, mais une richesse durable, un outil d’émancipation et de transformation pour les générations futures. C’est le pari de la RIAC.
Eustache AGBOTON Journaliste d’art, Promoteur et Directeur de publication de www.noocuItures.info
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Créatrice de contenue, Cycy est une promotrice culturelle qui œuvre pour la promotion de culture urbaine congolaise.
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